Il y a quelques jours, j'ai terminé la lecture d'un livre qui a marqué son époque et gravé les lettres du nom de son personnage principal en caractères dorés sur tout un pan de l'histoire de la littérature pulp et de la littérature en général. Comme je suis curieux de nature et que j'aime beaucoup la littérature, je me suis intéressé à l'un des plus grands mythes qui a pris naissance au début du siècle dernier, à savoir Tarzan. Oui, celui-là même qui saute de liane en liane, qui pousse un cri de victoire terrible lorsqu'il terrasse un adversaire de ses mains nues et celui-là même qui a fait naître l'une des histoires d'amour des plus immortelles. On se retrouve face à une histoire certes qui a un peu vieilli mais qui pose les bases de toute cette littérature d'aventure qui allait suivre durant l'âge d'or des pulp. Tarzan est une sorte de super-héro avant l'heure (le premier texte date de 1914, soit 3 ans après La Princesse de Mars, autre grand texte fondateur de Burroughs), il est beau, il est fort et intelligent, il est bien rasé (oui oui, il se rase) et il devient même le seigneur de la jungle. Il parle le langage des animaux, car à l'instar du Livre de la Jungle (on a souvent reproché à Burroughs d'avoir plagié un peu Kipling au début), les animaux parlent, que ce soit les éléphants ou les singes, il apprend à lire et écrire l'anglais tout seul, il apprend même à conduire une voiture lors de son séjour à Londres. Car c'est qu'il est de descendance noble le bougre, c'est un Greystoke. Mais ça, vous le savez déjà... Ce que j'ai retenu aussi de ce livre, outre le fait qu'il est construit sur le même schéma que le premier livre narrant les aventures de John Carter sur Barsoom, c'est qu'il est beaucoup plus sauvage que l'icône qu'on a l'habitude de voir ou que l'on veut bien nous servir. Je me rappelle d'une scène ou Tarzan tue un noir (un cannibale), le pend à une branche et s'apprête à le dépecer pour le manger. Cru. Oui oui... Bon, il s'arrête au dernier moment parce qu'il remarque que cet étrange «animal noir» ressemble un peu à lui et que cela semble le secouer au plus profond de son être. D'ailleurs, il n'éprouve que peu de pitié pour ce peuple noir, ces cannibales qui n'hésite pas à tuer – il aime bien les choper par le cou avec une corde et les pendre ensuite ou leur briser la nuque. Comme pour un animal... Hum ! Hum ! C'est curieux aussi de voir dans ce roman la servante de Jane Porter parler comme dans Tintin au Congo et se voir traiter de grosse hippopotame. Certaines valeurs nobles, la religion sont malmenées parfois ; les agissements destructeurs de l'homme blanc presque tout le temps. Et on se rappelle que ce roman s'inscrit dans une époque différente, que le racisme primaire était déjà bien présent. Mais comme dans Tintin au Congo, on se retrouve sur le même genre de pente glissante... Heureusement, l'aventure est là, derrière chaque buisson, l'action, les cliffhangers propres aux histoires pulps, les combats sont sauvages et brutaux et je me demande maintenant si ce roman est fait pour la jeunesse...
Donc, si vous voulez réellement connaître les origines de ce personnage qui peut faire pâlir en nombre d'adaptations Sherlock Holmes ou Dracula, jetez vous sur ce livre. Et puis, oubliez Johnny Weismuller, oubliez Disney, oubliez Christophe Lambert (même si le début reste fidèle) et apprenez à sauter de liane en liane et à beugler comme un animal blessé. Vous ne le regretterez pas.
Note : on le trouve encore facilement chez les bouquinistes ou sur le net...